Combien de fois, épuisé et vidé on s’est dit : Ah j’ai tellement hâte à la retraite, m’asseoir, relaxer, me regarder le nombril, profiter de moi, de lui, de tout, de rien, ne plus regarder le calendrier… Avec les enfants partis de la maison tout sera tranquille et propre, tout restera à sa place, pas de turbulence, pas de comptoir rempli de toutes sortes de petites affaires pas rapport, pas de panier à linges débordants de petits bas à virer de bord avant de les laver. On pourra s’improviser des petits 5 à 7, boire du vin et se faire des BBQ n’importe quand, voyager, profiter …
Mais la retraite, c’est aussi une maison vide, un comptoir bien rangé mais sans vie. Moins de lavage, moins de bruit, mais aussi moins de rire et de cris de joie … Le calme, la solitude.
Le silence tant espéré n’aura peut-être pas la même signification qu’imaginée dans nos rêves les plus fous lorsqu’on était si fatigué. Le temps file trop vite et on perd beaucoup de temps à imaginer que c’est plus beau, plus coloré chez le voisin et on oublie complètement de profiter du moment présent.
Alors repositionnons les aiguilles sur l’horloge. Là, tout de suite, avant de vivre dans les regrets. Appelons nos amis qu’on a inévitablement délaissés, laissons nos enfants ou nos petits-enfants rire, courir, envahir nos comptoirs et vider notre réfrigérateur. Étendons les petits bas en mottons sur la corde à linge et sourions surtout lorsque nous entendrons la voisine crier « Manon vient souper si tu viens pas bin tu pourras t’en passer … », car c’est la preuve que la vie circule dans notre maison, notre rue, dans notre quartier!