Quand le destin s’en mêle

Quand le destin met sur ta route une femme, une parfaite inconnue, qui  sans le savoir te sert une belle leçon de vie, alors ça prouve que de temps en temps il est bon d’écouter aux portes.

Je suis à l’épicerie lorsque je surprends une conversation entre deux femmes, une qui parle fort et l’autre qui rit, mais d’un rire si convaincant que veut veut pas, bin oui, j’écoute.

«Je le sens, dit la femme, mon corps, je le sens, il se transforme et je suis certaine qu’il fait ça de nuit l’hypocrite. J’ai beau tout essayer je ne parviens pas à l’arrêter. Il change, et ce sans mon consentement. Mes seins s’enfuient, les plis s’accumulent sournoisement ici et là … et là aussi, mon fessier a subi un mystérieux ramollissement tandis que j’ai le bedon melon, même les genoux et leur articulation s’en mêlent … je sens l’effondrement arriver. J’ai beau essayer d’en remonter une partie, quand je trouve la solution pour un des morceaux tombant c’est l’autre qui s’écroule et ainsi de suite, je ne fournis plus de remonter et plus je remonte, plus ça s’effondre ! »

J’étais fascinée par le ton et surtout par l’humour imagé qu’employait la dame pour décrire le non-contrôle de son corps en pleine révolution, c’était magnifique. Je comprends parfaitement ce qu’elle et tellement de femmes vivent en vieillissant, mais l’aplomb, le réalisme et la gestuelle qui accompagnait sa constatation m’ont bien fait rire et réfléchir. Elle, cette femme colorée, verbomotrice et rieuse s’accepte et s’adapte à cette situation avec humour et que voulez-vous, moi ça m’émeut une femme imparfaite qui s’accepte.

Quelle femme délicieuse!

faire-epicerie-410

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.